Charte du groupe – mars 2018

1.1 Nous soussignés, avec l’accord de Mgr Eric Aumonier, évêque de Versailles, décidons de constituer un groupe pour répondre aux appels lancés à notre Eglise par la présence sur le sol national de nombreuses personnes – catholiques pour certaines – issues de l’immigration avec des origines ethniques et des convictions religieuses diverses. Notre périmètre de réflexion est l’Eglise diocésaine mais nous sommes conscients que bien d’autres diocèses en région parisienne ou en France vivent des situations analogues à la nôtre. Nous voulons recueillir, évaluer, faire connaître ce qui se vit déjà avec bonheur en beaucoup de paroisses, aumôneries, services et mouvements. Nous voulons aussi être force de réflexion et de proposition avec une vision globale de l’Eglise dans son rapport à la société.

1.2 Nous accueillons d’abord le mélange de populations dans les Yvelines comme un fait incontournable et la présence dans nos communautés de nombreux catholiques issus de l’immigration comme un signe des temps qui oriente la relecture de notre passé national et ecclésial, et prend sens dans la perspective du grand rassemblement de tous les hommes que Dieu prépare pour l’éternité. Le Christ, par sa mort et sa résurrection, attire à lui tous les hommes (cf. Jean 12, 32). Lui, l’Agneau immolé, l’alpha et l’oméga, prépare dans les méandres et soubresauts de l’histoire la célébration éternelle de ses Noces avec l’humanité rassemblée dans la paix et la joie. « Tu es digne, de prendre le Livre et d’en ouvrir les sceaux, car tu fus immolé, rachetant pour Dieu, par ton sang, des gens de toute tribu, langue, peuple et nation » (Apocalypse 5, 9). « Voici la demeure de Dieu avec les hommes ; il demeurera avec eux, et ils seront ses peuples, et lui-même, Dieu avec eux, sera leur Dieu » (Apocalypse 21, 3).

2.1 Comme aux débuts de l’Eglise, nous sommes appelés à vivre une fraternité dans laquelle « il n’y a plus ni juif ni grec, il n’y a plus ni esclave ni homme libre, il n’y a plus l’homme et la femme, car tous », nous ne faisons « plus qu’un dans le Christ Jésus » (cf. Galates 3, 28). Il ne s’agit pas de nier ou de gommer les différences mais de les mettre au service d’une communion plus riche et plus large et de rejoindre ainsi, au-delà des peurs et des préjugés, la grande aspiration du cœur humain à la rencontre et à l’unité.

2.2 En tenant compte de différentes influences, – culture ambiante sécularisée et relativiste, religions traditionnelles, Islam – et de celle du christianisme évangélique dont l’expansion nous interroge, – nos pratiques pastorales doivent évoluer afin de permettre le plein déploiement de certains traits culturels et spirituels de catholiques issus de l’immigration. En découlera pour nos communautés une vitalité joyeuse et une nouvelle assise populaire, un élan de jeunesse dans l’annonce de l’Evangile et l’éclosion de vocations consacrées selon la grande diversité des catholiques des Yvelines.

2.3 Les évolutions pastorales concernent l’Eglise diocésaine dans son ensemble, chaque paroisse ou entité, et non seulement certaines villes ou zones des Yvelines. Elles doivent amener l’Eglise diocésaine à une nouvelle compréhension d’elle-même et de sa mission au sein de la société actuelle, une nouvelle manière de vivre et de se présenter. Ce mode renouvelé de faire Eglise, nous l’appelons Eglise métisse. Il s’insère, comme un élément essentiel pour aujourd’hui, dans la vocation plus globale de l’Eglise à être catholique.

3.1 Parce qu’elle naît à la Pentecôte, l’Eglise a pour vocation de surmonter positivement en elle-même les tensions interculturelles et de servir de germe, au-delà de ses limites, à la cohabitation pacifique des personnes et communautés dans leur grande diversité. Nous croyons que l’Eglise a un rôle de premier plan à jouer au sein de la société pour renforcer chez nos concitoyens d’horizons culturels et spirituels si divers le sentiment d’appartenir à une même nation et d’avoir un destin commun.

3.2 Cela se joue d’une manière particulière dans tous les lieux à forte ou très forte proportion de musulmans et où se trouvent aussi de nombreux catholiques issus de l’immigration. L’Eglise, en sa compréhension métisse, pourra s’y affirmer toujours plus dans sa mission au service de la paix et de la fraternité. Elle est naturellement l’interlocutrice des autres religions mais aussi des pouvoirs publics qui lui reconnaissent souvent localement son influence bénéfique.

3.3 Plus généralement, parce qu’elle croit au Christ vrai Dieu et vrai homme ; parce qu’elle envisage la personne humaine dans son ouverture communautaire ; parce qu’elle se soumet à la Parole de Dieu dans la liberté de l’Esprit Saint, nous affirmons que l’Eglise a un rôle à jouer dans la conciliation des tensions qui surgissent au sein de la société entre sécularisation et confession publique de la foi, entre individualisme et communautarisme, entre aspiration libertaire et observance de règles religieuses.

3.4 L’Esprit Saint travaille le cœur de tout homme en vue du rassemblement de toutes choses en Jésus Christ. Nous voyons cet Esprit à l’œuvre dans le cœur des croyants sincères qui cherchent à tirer de leurs textes sacrés des enseignements adaptés au contexte actuel, laïc et pluri-religieux. De même, nous voyons l’Esprit à l’œuvre dans le cœur de citoyens qui, conscients des dégradations infligées à notre « maison commune », veulent dépasser les excès de la société de consommation. Convaincus de ce travail secret de l’Esprit en faveur de la paix et de l’unité, nous croyons que l’Eglise doit poursuivre et intensifier son dialogue avec les autres religions et avec la culture contemporaine.

4. Demandant l’intercession de la Vierge Marie qui « sera toujours une Mère métisse, parce que dans son cœur tous les sangs trouvent une place » (Pape François, 2018, Trujillo), nous nous unissons pleins de foi et d’espérance à la prière de l’Eglise : « Père … daigne rassembler un jour les hommes de tout pays et de toute langue, de toute race et de toute culture, au banquet de ton Royaume ; alors nous pourrons célébrer l’unité enfin accomplie et la paix définitivement acquise, par Jésus, le Christ, notre Seigneur » (Prière Eucharistique pour la Réconciliation n°2).

4. Demandant l’intercession de la Vierge Marie qui « sera toujours une Mère métisse, parce que dans son cœur tous les sangs trouvent une place » (Pape François, 2018, Trujillo), nous nous unissons pleins de foi et d’espérance à la prière de l’Eglise : « Père … daigne rassembler un jour les hommes de tout pays et de toute langue, de toute race et de toute culture, au banquet de ton Royaume ; alors nous pourrons célébrer l’unité enfin accomplie et la paix définitivement acquise, par Jésus, le Christ, notre Seigneur » (Prière Eucharistique pour la Réconciliation n°2).

Denis Allard

Jean Caron

Xavier Chavane

Etienne Guillet

Thierry de Lastic, modérateur

Philippe Potier