Mgr David Macaire : « De la honte à la fierté : pour une Église métisse »

Monseigneur David Macaire, archevêque de Saint-Pierre et Fort-de-France en Martinique donnera une conférence * sur le thème : « De la honte à la fierté, une relecture eucharistique de l’Histoire pour passer de l’esclavage à la fraternité d’une Église métisse ». Quelques éléments d’éclairage pour apprécier un sujet complexe qui garde son actualité dans notre société…

« Un drame de la civilisation qui se disait chrétienne » (Jean-Paul II)

Monseigneur David Macaire, archevêque de Martinique, nous fait l’honneur d’une conférence au tout début de l’année jubilaire 2025. De la honte à la fierté, de la peur à la confiance, de la tristesse à la joie, le message du Christ vise toujours à relever et à inverser les fatalités. Le mal semblait l’emporter, l’amour en Jésus Christ est finalement victorieux. L’esclavage est une page sombre de notre passé national. Elle pourrait devenir le flambeau qui trace le chemin vers un avenir lumineux. En 1992, à la maison des esclaves de Gorée, au Sénégal, le pape Jean-Paul II disait : « C’est un drame de la civilisation qui se disait chrétienne ». Il citait ensuite saint Paul : « Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé » (Romains 5,20).

« Là où le péché a abondé, la grâce a surabondé »

Cette parole s’applique à Jésus lui-même : sa mise à mort est le péché suprême ; sa résurrection libère des flots de grâce pour la rédemption de l’humanité. C’est ce dont nous faisons mémoire à chaque Eucharistie. Spontanément, nous la vivons d’une manière personnelle, voire individualiste : ce sont nos propres difficultés ou celles de nos proches que nous voulons unir à la passion du Christ pour en recevoir une grâce de résurrection. Nous pouvons, et même nous devons, le vivre collectivement pour la construction de nos communautés chrétiennes à différents niveaux. Au niveau local des paroisses, mais aussi au niveau diocésain ou national. À Gorée, le pape Jean-Paul II évoquait une continuité civilisationnelle entre le temps de l’esclavage et le nôtre. Notre civilisation apparaît malade et la reconnaissance de certaines erreurs du passé peut devenir, en Jésus Christ, source de relèvement.

« Passer de l’esclavage à la fraternité d’une Église métisse »

Les communautés des Yvelines sont de plus en plus mélangées. Il n’y a pas de paroisse qui n’ait accueilli à un moment ou à un autre un prêtre africain, ponctuellement ou durablement. Le visage de notre Église change. Parler de la « fraternité d’une Église métisse », selon l’expression retenue par Mgr Macaire, c’est prendre acte de cette transformation progressive. Tout ce qui touche au passé est plus sensible qu’il n’y paraît. Il y a des champs à déminer, au risque de se recroqueviller sur nos certitudes parfois étriquées. Ce qui est humainement difficile est rendu possible en Jésus Christ. C’est à cette « relecture eucharistique de l’Histoire » que nous invite Mgr Macaire, pour que les blessures du passé ne soient pas brandies en geste d’accusation, mais au contraire, présentées comme les plaies du Ressuscité à partir desquelles se répandent la miséricorde et la paix.

Thierry de Lastic

* Mercredi 15 janvier, 20h30, Salle du Théâtre, 22 rue Henri de Régnier, Versailles. Entrée libre

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