Poissy 8 février : un rassemblement jubilaire à hauteur de Bakhita
Le diocèse de Versailles et Église métisse proposent un rassemblement jubilaire * sur le thème : « Avec sainte Bakhita, l’espérance d’un monde réconcilié ». Bakhita, « la chanceuse » au passé douloureux, fait grandir l’espérance d’une réconciliation autour des aspects douloureux de notre histoire.
Bakhita, lorsque la fatalité devient « chance »
Nous ne connaissons finalement pas grand-chose de la vie de sainte Bakhita. Ce qui nous touche le plus chez elle, c’est sans doute le grand retournement qu’elle a connu. L’esclavage a été le chemin par lequel Dieu est venu la rejoindre. La malédiction est devenue opportunité comme son nom l’indique : Bakhita, la « chanceuse » en arabe. Et si nous portons un regard de foi sur elle, au-delà de la « chance », c’est bien la « grâce » que nous discernons. Dieu fait avancer son projet d’amour pour l’humanité d’une manière qui nous échappe souvent. Des plus grands tourments, il fait jaillir une lumière, une toute petite lumière, qu’il nous demande de répandre. Il choisit ce qui n’a pas de valeur aux yeux des hommes pour ouvrir des voies nouvelles. À l’orgueil des grands il oppose l’humilité des petits.
Bakhita, à la fois si proche et si lointaine
Sainte Bakhita est à même de rejoindre les réalités de notre Église des Yvelines sans s’y laisser absorber. Tous peuvent se retrouver en elle sans que personne puisse se l’approprier. Elle est chrétienne et catholique, sans avoir été élevée dans une famille croyante. Elle est africaine sans être issue de cette partie de l’Afrique marquée par la présence française. Elle a connu l’esclavage dans un autre contexte que celui des Antilles ou de la Réunion. Elle a immigré en Europe dans un pays différent du nôtre. Elle est devenue religieuse dans un ordre qui ne nous est pas familier. Elle est sourire tout en étant patronne des victimes du trafic d’êtres humains. Sainte Bakhita est signe accessible d’un au-delà de notre horizon habituel. Elle est invitation à dépasser l’entre-soi, les peurs, la lassitude pour oser le décentrement qui rend possibles les réconciliations.
Faire mémoire pour que ce qui est douloureux devienne grâce
Notre Église est mémorielle. Elle fait mémoire de la sortie d’Égypte et de la marche vers la Terre promise. Elle fait mémoire de la mort et de la résurrection de Jésus. Elle est dans sa vocation la plus profonde le lieu du retournement de ce qui fait mal en opportunité pour la communion. À Poissy, le samedi 8 février, nous oserons la rencontre toute simple, à hauteur de Bakhita, pourrait-on dire. Les diversités qui sont présentes dans les Yvelines sont l’aboutissement d’histoires personnelles et collectives parfois douloureuses. Il est important de nous écouter dans nos blessures ou nos inquiétudes, nos plaintes ou nos agacements. C’est une première démarche dans un cheminement qui doit se réaliser dans le temps. Chaque année sainte est une étape dans la marche vers le Royaume éternel. Que le rassemblement jubilaire de Poissy soit un moment où les cœurs s’attendrissent, s’ouvrent et se rejoignent, où les stigmates du passé assumées en Christ deviennent source de grâce.
Thierry de Lastic
* Samedi 8 février 2025, 14h30-19h00, Collégiale Notre-Dame de Poissy ; messe à 18h présidée par le père Pierre Delort-Laval, vicaire général.