Pentecôte et projet Eglise métisse

La mondialisation à hauteur d’homme de nos paroisses

Où notre monde va-t-il ? Que sera-t-il demain ? Nous étions déjà bien en peine pour répondre à de telles questions il y a quelques mois. Nous le sommes encore bien plus depuis la pandémie de Covid-19. Mais en cette fête de Pentecôte, nous pressentons que notre projet Eglise métisse s’insère d’une manière particulière dans le projet de Dieu. La Pentecôte, c’est le début d’une bonne mondialisation. Nous avons bien plus à partager que des virus ! L’unité qui se vit dans nos paroisses métissées des Yvelines, c’est une mondialisation à hauteur d’homme, une mondialisation incarnée dans la chair et le sang de personnes bien concrètes et non dans des circuits économiques ou des réseaux d’information. Chaque rencontre vraie permet à l’Esprit Saint de tisser sa toile, une toile aux dimensions du monde tant est grande la diversité des origines dans nos paroisses. Nous entendons chaque année l’énumération des populations présentes à Jérusalem : « Parthes, Mèdes et Elamites, habitants de la Mésopotamie, … » Il y en a 16 dans le récit des Actes des Apôtres. Il y en a bien plus dans beaucoup de nos paroisses. Et nous nous en réjouissons ! Et cette diversité nous pousse à rester ouverts sur le monde !

Une trame invisble sur laquelle circule l’Amour

Au-delà de la fraternité dans la foi qui permet à l’Esprit Saint de tisser sa toile, il est une autre fraternité qui se vit lorsqu’on prend soin de l’autre dans des gestes impliquant son corps. Là aussi, dans nos hôpitaux ou nos EHPAD, se réalise une mondialisation bien incarnée, une effusion de l’Esprit d’amour. Une part importante des personnels soignants viennent des quatre coins du monde et parmi eux une bonne partie sont catholiques. Ces liens invisibles et éphémères qui se créent dans un geste accompli avec amour sont en fait éternels. Ils agrandissent la trame des relations interpersonnelles sur laquelle se fera dans l’éternité la circulation de l’amour pour le bonheur d’une humanité unifiée. Notre projet Eglise métisse, aussi modeste soit-il, veut donner aux réalités d’ici-bas un sens en rapport avec ce qui nous attend dans l’éternité lorsqu’une foule « de toutes races, langues, peules et nations » chantera sans fin la louange du Seigneur !

Une liturgie où l’on se sent rejoint dans sa sensibilité

Déjà c’est de louange qu’il s’agissait à la première Pentecôte lorsque les pèlerins de toutes origines s’émerveillaient d’entendre parler dans leurs langues des merveilles de Dieu. « Comment se fait-il que chacun de nous les entende dans sa langue maternelle ? » Cette parole pourrait nous servir de guide pour travailler les questions de liturgie. Est-ce que je me sens rejoint dans ma culture, dans ma sensibilité spirituelle lorsque je participe à la messe ? Il est sans doute illusoire de penser que dans chaque célébration le temps et l’espace soient abolies pour me remettre en contact avec mes origines culturelles et spirituelles mais il est sans doute possible que cette « magie » se réalise de temps en temps. Nous le savons, là encore, l’eucharistie nous met en contact avec l’éternel qui est approché d’une manière propre à chaque tradition. C’est l’un des chantiers essentiels de notre projet Eglise métisse de donner des repères pour une liturgie métissée par laquelle le mystère divin se rend accessible à l’assemblée dans sa diversité. Nous proposons un premier rendez-vous de formation le 20 juin autour des thèmes « accueil mutuel et fraternité » et « gestes rituels et attitudes corporelles ». C’est audacieux, mais c’est la Pentecôte ! Puisse le feu divin embraser nos cœurs !

Père Thierry de Lastic