Bientôt la Toussaint : Heureux les artisans de paix

La Toussaint approche. Bientôt, nous réentendrons les Béatitudes, ces promesses de bonheur que Jésus nous adresse : « Heureux les pauvres de cœur, … Heureux les miséricordieux, … Heureux les artisans de paix, … » (Mt 5, 1-12).

Je repense à cette flambée de colère et de tristesse qu’il y a eu autour de la mort de Georges Floyd, puis du réveil de l’affaire Adama Traoré et enfin de l’affaire des statues déboulonnées ou détériorées. Dans cette Newsletter, nous avons fait le choix de donner la parole à David, José et Firmin pour qu’ils expriment leur sentiment par rapport à ces évènements. C’est une petite touche, pour ouvrir un vaste dossier qui est au cœur de notre projet Eglise métisse. Oui, nous savons que le passé a laissé des traces, qu’il empoisonne parfois le présent, qu’il blesse certains, qu’il empêche d’autres d’être pleinement eux-mêmes, qu’il fausse les relations… Mais nous croyons aussi à la puissance de l’amour. De même que Jésus a transformé la souffrance et l’humiliation de la croix en salut et en paix pour tous les hommes, de même nous croyons que le passé dans ce qu’il a de douloureux peut devenir en Jésus le socle d’une fraternité choisie. Il ne s’agit ni d’oublier, ni d’enfermer les uns dans la victimisation et les autres dans la culpabilité, il s’agit de nous choisir comme frères et sœurs, enfants d’un même Père, capables de regarder ensemble le passé pour envisager l’avenir. Nous sommes tous héritiers de ce passé. Nous sommes « mariés » par cette histoire commune multiséculaire, pour le meilleur et pour le pire, mais à tout prendre, je préfère que ce soit pour le meilleur ! Heureux les miséricordieux ! Heureux les artisans de paix !

« Dans la charité du Christ, donnez-vous la paix ! »

Quelle tristesse de ne plus pouvoir échanger un geste de paix à la messe ! Un geste bien concret, une poignée de main, un baiser ! Nous avons besoin de ces contacts qui nous transmettent avec chaleur la paix de Jésus. Dans les assemblées métissées, j’ai remarqué que ce moment de la paix est souvent une explosion de joie, comme si l’assemblée déjà bien chauffée fusionnait avant de communier au Corps du Christ. La Liturgie nous insère alors dans l’amour infini de notre Dieu, elle fait œuvre de réconciliation profonde. Célébrer ensemble, toutes origines confondues, est un instrument très fort pour avancer dans ce chemin de fraternité que tous nous désirons ardemment.

Très bientôt, le samedi 7 novembre, nous aurons notre deuxième Rendez-vous de la formation Liturgie. J’espère que vous viendrez nombreux. Nous aborderons le thème des chants et instruments de musique ainsi que celui des fêtes ou commémorations importantes pour les différentes communautés. Le premier Rendez-vous avait été un petit moment de bonheur. Le deuxième ne nous décevra pas !

« Fratelli tutti », « Vous tous mes frères ! »

Je voudrais finir en évoquant l’encyclique toute neuve du pape François : « Fratelli tutti ». Là encore, le pape aborde des thèmes qui trouvent écho dans notre projet Eglise métisse : la fraternité humaine et l’amitié sociale. L’actualité a mis sur le devant de la scène le thème du communautarisme sans parler d’un acte terrible qui vient de se produire dans les Yvelines. Notre engagement de chrétien ne se contente pas de vouloir une fraternité avec ceux qui sont comme nous, qui pensent comme nous, qui vivent comme nous. Nous voulons que notre Eglise soit un lieu de fraternité non pas fermé sur lui-même mais ouvert pour être un trait d’union tant avec ceux qui sont tentés de se communautariser qu’avec ceux qui sont tentés par le chacun pour soi. « Il y a un seul Dieu et Père de tous, au-dessus de tous, par tous, et en tous » (Ephésiens 4, 6).

Bonne fête de Toussaint !

P. Thierry de Lastic