Mains senior soignante

Au service des seniors

Beaucoup de catholiques d’origine migrante, notamment des femmes, sont engagés professionnellement auprès des personnes malades ou âgées. Elles sont en première ligne avec la pandémie. Voici le témoignage de Joséphine qui vit son engagement comme une véritable vocation.

De la comptabilité au service des personnes âgées

En 2015, j’ai participé au pèlerinage diocésain à Lourdes. Au départ c’était pour accompagner ma sœur aînée malade. Elle n’a finalement pas pu venir. Je me suis donc retrouvée à l’Hospitalité sans elle ! Les voies de Dieu sont impénétrables ! Lors du pèlerinage, au contact des malades, je me suis découverte comme une personne capable d’aimer avec l’Amour même de Dieu ! Mes blessures de vie m’avaient jusque-là empêchée de me tourner vers les autres. Notre Dame de Lourdes, ma mère, m’a introduite dans une nouvelle dimension. J’ai passé la semaine la plus heureuse de ma vie en étant au service des pèlerins !

La même année, le 7 octobre (fête de Notre Dame du Rosaire), j’ai été licenciée de mon poste de comptable après 28 ans de loyaux services. Riche de l’expérience vécue à Lourdes, j’ai compris que le Seigneur m’emmenait vers de nouveaux horizons Il a encore fallu attendre quelques mois pour savoir où le Seigneur me voulait. Il m’a dirigée vers les personnes âgées. J’ai effectué une formation dans l’animation pour devenir animatrice en EHPAD.

Aimer de l’Amour même de Dieu

L’EHPAD où j’ai ensuite été conduite prône le bien-être et met le Bouddha à l’honneur alors que la plupart des résidents sont catholiques. Le Seigneur m’a emmenée dans ce lieu non seulement pour aimer les seniors et leur procurer de la joie par les diverses activités telles que les chansons et la danse mais aussi pour être une aide spirituelle discrète. J’essaie de mettre la parole de St Paul en pratique : « Ce n’est plus moi qui vis mais c’est le Christ qui vit en moi ». Je me laisse habiter par le Seigneur pour qu’Il aime ces personnes « rejetées » de la société, avec son Cœur, les entourer de sa compassion, les regarder de son regard d’amour pour leur rendre la dignité. C’est Lui qui les touche, caresse leur visage, les écoute, leur parle. Il m’emmène vers ceux qui en ont besoin le plus. 

Ne pouvant me rendre disponible à tous selon mes désirs, je les accompagne dans la prière. Il m’arrive aussi de prier avec certains très angoissés. Quelle joie de voir leurs visages souffrants se détendre et sourire. J’accompagne également les mourants en priant soit physiquement à leur chevet soit dans l’invisible. Je prie le chapelet de miséricorde pour les agonisants et pour les défunts afin d’implorer la miséricorde de Dieu et le salut de leurs âmes. Le prêtre référent vient célébrer la messe une fois par mois. Je lui communique le nom des défunts du mois pour qu’il offre la messe à leur intention.

En ce temps de pandémie

En cette période de pandémie, plus encore que d’habitude, des résidents éprouvent le besoin de discuter car ils se sentent terriblement seuls enfermés dans leur chambre 24h/24. Je pense à cette femme angoissée arpentant les couloirs à la recherche de médicaments pour apaiser sa douleur à la poitrine. Ou à cet ancien militaire qui a perdu 5 kg et ne pense qu’à se supprimer : une promenade dans le jardin, la prière du chapelet, la rencontre du prêtre référent, tout cela concourt à apaiser. Je pense encore à ces deux femmes qui refusaient le confinement : à force de déambuler, elles ont fini par attraper le virus et ont été enfermées dans leur chambre ! Que de souffrance… Les animations collectives étaient interrompues. J’allais donc de chambre en chambre apportant aux résidents les dessins envoyés par les enfants du KT et prenant le temps de discuter avec eux.

La pandémie a mis les seniors à l’épreuve mais aussi le personnel. Dans mon cas, souffrant de diabète et d’hypertension, devais-je prendre le risque d’aller dans la chambre des résidents malades du Covid19 sans les protections nécessaires ? Sauf exception, j’ai préféré m’en abstenir tout en recommandant ces malades aux aides-soignantes mieux équipées. Lorsque les doutes, les tensions, la fatigue, les détresses des uns et des autres me pèsent, je cours vers le Seigneur pour être fortifiée et garder le sourire. Pendant le confinement, j’ai pu continuer de me ressourcer à travers la messe et l’adoration en direct sur internet pour pouvoir donner aux autres. Mon dizainier est aussi toujours avec moi. Je demande à la Vierge Marie de passer devant moi lorsque j’arrive au travail. Sans le Seigneur, je ne pourrais pas faire ce travail avec le cœur.

Joséphine

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