Ariane Eteka

Vie ecclésiale au Bénin en temps de coronavirus

Le drame mondial occasionné par la pandémie du Covid 19 n’a évidemment pas épargné le Bénin. Néanmoins cette dernière n’a pas contraint les autorités politiques et administratives à confiner la population compte tenu du faible taux de contamination. Les mesures prises se sont limitées à l’établissement d’un cordon sanitaire isolant certaines zones du pays et la fermeture des lieux de loisirs ainsi que des églises. Il s’en suit que depuis plus de 2 mois, les chrétiens du Bénin se sont retrouvés dans une situation inédite : plus de messes fériales et dominicales. La désolation est manifeste.

La soif de communier au Corps et au Sang du Seigneur

Pour accompagner les fidèles catholiques, la Conférence Épiscopale du Bénin (CEB) a donné des indications spirituelles qui ont été adaptées d’un diocèse à un autre. Mais en général, une liturgie domestique a été proposée aux fidèles. Plusieurs familles chrétiennes ont alors développé en ces temps d’épreuve l’habitude de se réunir pour prier les dimanches aux heures de la messe. D’autres préfèrent suivre la messe à la télévision KTO ou sur quelques chaînes de télévisions locales. En milieu rural, la radio est le moyen le plus usité. Beaucoup de prêtres ont adapté leur pastorale en disant au moins chaque dimanche des messes sur les chaînes radiophoniques.

En dehors de ces dispositions, plusieurs paroisses proposent aux fidèles l’adoration du Saint Sacrement tout au long de la journée en veillant au respect des règles de distanciation. Quand bien même ces dispositions pastorales sont d’une aide précieuse pour la pratique de la foi, les chrétiens du Bénin appellent de tous leurs vœux la reprise régulière des activités ecclésiales.

La patience est un arbre aux racines amères mais aux fruits sucrés

Pour les uns, ce temps de confinement provoqué par la pandémie, où il n’y a plus accès aux célébrations eucharistiques, est un moment très déterminant dans leurs vies. Temps très déterminant en ce sens qu’il leur a permis, de prendre conscience de la nécessité de l’eucharistie. La soif de communier physiquement au corps et au sang du Christ. Ainsi que la communion ecclésiale qui est un moment de rencontre et de partage des fruits reçus après les célébrations liturgiques. Cela se justifie donc à travers cette pensée. « La créature sans le Créateur s’évanouit. Et l’oubli de Dieu rend opaque la Créature elle-même ». (Gaudium Spes, numero 36).

Par exemple quelqu’un affirme : « Ce temps de confinement était pour moi un témoignage de vie chrétien, un temps où comme la Sainte Mère Teresa, je me suis laissé guider dans le calme par la Vierge Marie à travers mon chapelet quotidien et mes prières d’offices des lectures. Je dirais tout simplement qu’il m’a permis de comprendre, comme le souligne l’Archevêque de Cotonou, que l’Eglise est au service de la Vie, et une vie qui va au-delà de cette vie. La patience étant un arbre aux racines très amères, mais aux fruits très sucrés, je me remets dans les mains du Créateur. L’impact négatif que ce moment de la suppression des célébrations pourrait avoir sur ma foi est qu’après ce temps il serait très facile de tomber dans un relativisme culturel ou dans l’athéisme. Puisque sans les célébrations eucharistiques, tous nous vivons comme si rien n’était, oubliant que la bénédiction des prêtres qui célèbrent quotidiennement était sur nous. »

L’Eglise est en chacun de nous

Pour d’autres ce temps amène à prendre conscience du fait qu’au-delà de tout, l’Eglise est en chacun de nous. L’Église n’a pas fermé ses portes, tant que le chrétien vivra l’Eglise vivra en lui. Ils affirment que malgré l’importance des célébrations eucharistiques, qui pour eux fait partie de l’événementiel où chacun est amené à exhiber sa foi, sa bourse, le Chrétien doit vivre sa foi partout en tout temps peu importe les épreuves.

N’oublions pas que même si les uns et les autres ont vu leur foi se raffermir face à la pandémie du siècle, la peur a semé sa graine que seule la prière ne peut canaliser. Peur de ne plus être protégé, béni par l’Esprit Saint, le Créateur, par manque d’Eucharistie et chaque jour est une épreuve difficile. Il pourrait être difficile de reprendre une vie chrétienne après cette rude épreuve, la diffusion des célébrations eucharistiques à travers les moyens de communications pourrait amener à croire que la participation active et physique de l’eucharistie peut ne pas être indispensable, oubliant que nous vivons un moment exceptionnel. Que Dieu dans son infinie bonté, déverse ses bénédictions sur la vie de chacun de nous et nous accorde un esprit de discernement. Amen.

Ariane Eteka
Diocèse de Porto-Novo, Bénin

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