Rester ouverts sur le monde

En cette période de pandémie, l’information que nous donnent les médias est très centrée sur la France sans ouverture ou très peu sur ce qui se passe ailleurs dans le monde. Le risque de repli nous guette. L’Eglise peut vivre sa dimension universelle en ouvrant une fenêtre sur le monde et en suscitant la prière pour des populations en voie d’être oubliées. Pour amorcer cette prise de conscience voici quelques témoignages sur la manière dont est vécue l’épidémie dans des régions souvent plus pauvres à partir d’information que reçoivent des catholiques migrants de notre diocèse originaires de ces régions.

Témoignage du Sénégal

Etat d’urgence

« Concernant ma famille, au Sénégal, il n’y a pas eu de confinement à proprement parler comme ici en France. L’état pour des raisons économiques ne peut se le permettre, sachant que certaines personnes ont forcément besoin de travailler pour survivre, pas mal de familles vivent au jour le jour. Du coup, l’état a juste décrété un état d’urgence de 20h à 6h du matin (les gens sont emmenés à rentrer chez soi une fois la journée finie), les écoles aussi ont été fermées ainsi que les lieux de culte, et toute manifestation publique a été interdite. Du coup tout le monde a du s’adapter, comme ici en France. Les paroisses/Eglises se sont organisées, et ont diffusé leurs célébrations en ligne sur Youtube ou sur Facebook.

Prier en ligne

Pendant le carême aussi, mes sœurs et moi avons suivi les célébrations aussi en direct de Rome, comme je pense pas mal de français. Pas mal de groupes de prière, et de louanges se sont organisés également sur les réseaux sociaux. Personnellement n’ayant pas de contraintes horaires vu que je suis en télétravail, j’ai participé à certains, avec mes sœurs et des connaissances, c’était très convivial. Dans l’ensemble tout le monde s’est adapté. Mon neveu a fait le deuil de sa communion, qu’il ne fera pas cette année. Il était dégoûté au début, mais maintenant il s’y est fait et a compris.

Solidarité

Cette crise a eu également des conséquences sur pas mal de foyers, beaucoup de gens qu’on appelle journalier (qui ont du travail dans une journée en fonction de certaines opportunités) ont perdu leur source de revenus, par exemple, ceux qui travaillent dans les hôtels, les aéroports ou avec des touristes etc… (les vols ont été arrêtés, et certains hôtels fermés). Pas mal d’associations toutes confessions confondues ont du faire un appel de dons pour pouvoir acheter des denrées alimentaires de première nécessité. Par exemple, je fais partie d’un groupe : “Femmes catholiques: femmes de valeur. Actuellement avec la fête de l’Aïd qui approche, l’état a levé l’état d’urgence, mais les églises sont toujours fermées, le conseil Ecclésiastique estime que c’est trop tôt d’ouvrir les Eglises sachant que le nombre de contaminations augmente. Donc les messes sont toujours en ligne. »

Leizy (Vélizy), originaire du Sénégal

Témoignage de Madagascar

“Un calvaire pour trouver à manger”

« Depuis le confinement, la vie est plus difficile à Madagascar à cause de plusieurs contraintes : fermeture des boutiques à 13h, difficulté pour trouver un travail et surtout l’absence d’office religieux pour un pays très pratiquant ! Dans un pays où 80% de la population vivent avec moins de 1€/j, être confiné et ne vivre qu’une demi journée, c’est un calvaire pour trouver à manger. En effet, les Malgaches sont habitués à vivre avec la famille et le confinement coupe ce lien familial. On sent l’agacement des gens qui sont irrités dès le moindre accros. L’aide de l’Etat est presque inexistante et la pauvreté s’accroît chaque jour. Pour eux, il vaut mieux mourir de la Covid-19 que de la famine. Donc, ils n’ont pas peur de la maladie en ignorant les gestes barrières mais la préoccupation est de travailler pour trouver à manger. en dépit des risques! Le confinement profite plutôt aux fonctionnaires mais constitue un calvaire pour la plupart de la population qui cherche leur subsistance au jour le jour. Tout le monde a hâte que cela se termine. Pourtant, le nombre de contaminés augmente malgré le confinement. ..

Je rajouterai que beaucoup de familles pauvres n’ont pas l’eau courante à la maison et doivent aller dans les pompes publiques pour s’approvisionner. L’eau est ainsi rationnée. Ne parlons pas des solutions hydroalcoliques qu’elles n’ont pas les moyens de se procurer. Comment ainsi se préoccuper ou tout simplement appliquer les gestes barrières face au virus? Sans compter les étals dans certains marchés qui sont par terre, à même le sol… »

Karine (Vélizy) et son mari Armandin (Madagascar)

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